Inflammation
L’inflammation est une réponse biologique complexe du corps aux infections, aux blessures, aux irritants, ou aux agents pathogènes. C’est un mécanisme de défense essentiel du système immunitaire destiné à éliminer la cause de l’agression, réparer les tissus endommagés, et rétablir l’homéostasie. Bien que bénéfique à court terme, une inflammation chronique ou excessive peut entraîner des dommages tissulaires et favoriser le développement de maladies chroniques.
Types d’inflammation :
- Inflammation aiguë :
- L’inflammation aiguë est une réponse rapide et localisée à une lésion ou à une infection. Elle dure généralement quelques heures à quelques jours et se manifeste par des signes cliniques typiques.
- Signes cliniques classiques de l’inflammation aiguë (les 5 signes de Celse) :
- Rougeur (rubor) : Due à la dilatation des vaisseaux sanguins.
- Chaleur (calor) : Résultant de l’augmentation du flux sanguin vers la zone affectée.
- Œdème (tumor) : Accumulation de liquide dans les tissus en raison de la perméabilité accrue des vaisseaux sanguins.
- Douleur (dolor) : Causée par la libération de médiateurs chimiques (comme les prostaglandines) qui stimulent les terminaisons nerveuses.
- Perte de fonction (functio laesa) : La zone affectée peut perdre temporairement sa fonction en raison de la douleur, de l’œdème ou des dommages tissulaires.
- Inflammation chronique :
- L’inflammation chronique est une réaction prolongée qui dure des semaines, des mois, voire des années. Elle survient souvent lorsque l’agent pathogène ou le stimulus ne peut pas être éliminé (par exemple, dans les infections persistantes, les maladies auto-immunes ou l’exposition chronique à des irritants).
- Au lieu de protéger l’organisme, l’inflammation chronique peut endommager les tissus et conduire à des maladies chroniques telles que l’arthrite rhumatoïde, les maladies inflammatoires de l’intestin, ou même certaines formes de cancer.
Mécanismes de l’inflammation :
- Réponse immunitaire innée :
- L’inflammation est déclenchée lorsque les cellules immunitaires innées (comme les macrophages, les neutrophiles et les cellules dendritiques) détectent des agents pathogènes ou des tissus endommagés à l’aide de récepteurs spécifiques (comme les récepteurs Toll-like ou TLR).
- Ces cellules libèrent ensuite des médiateurs chimiques inflammatoires, comme les cytokines (TNF-α, interleukines) et les chimiokines, qui attirent d’autres cellules immunitaires vers le site de l’infection ou de la lésion.
- Médiateurs de l’inflammation :
- Les médiateurs chimiques jouent un rôle clé dans l’amplification de la réponse inflammatoire. Parmi les plus importants, on retrouve :
- Histamine : Libérée par les mastocytes, elle augmente la perméabilité des vaisseaux sanguins, favorisant l’œdème.
- Prostaglandines : Produites à partir de l’acide arachidonique, elles amplifient la douleur et l’inflammation.
- Leucotriènes : Favorisent l’attraction des cellules inflammatoires (chimiotactisme).
- Cytokines : Comme le TNF-α et l’interleukine-1 (IL-1), qui régulent l’inflammation et activent d’autres cellules immunitaires.
- Les médiateurs chimiques jouent un rôle clé dans l’amplification de la réponse inflammatoire. Parmi les plus importants, on retrouve :
- Recrutement des cellules immunitaires :
- Les premières cellules à arriver sur le site d’inflammation sont souvent les neutrophiles, qui phagocytent (ingèrent) les agents pathogènes et les débris cellulaires. Les macrophages et lymphocytes T suivent, contribuant à une réponse immunitaire plus spécifique et prolongée.
- La migration des cellules immunitaires vers le site d’inflammation est facilitée par les vaisseaux sanguins dilatés et l’augmentation de la perméabilité vasculaire.
- Résolution de l’inflammation :
- Une fois la cause de l’inflammation éliminée, le processus de guérison commence. Les macrophages jouent un rôle clé dans la résolution de l’inflammation en éliminant les débris cellulaires et en sécrétant des médiateurs anti-inflammatoires.
- Des molécules comme les résolvines, produites à partir d’acides gras oméga-3, favorisent la résolution de l’inflammation en réduisant l’afflux de nouvelles cellules immunitaires et en stimulant la réparation tissulaire.
Causes de l’inflammation :
- Infections :
- Les infections bactériennes, virales, fongiques ou parasitaires sont des causes fréquentes d’inflammation aiguë. Par exemple, une coupure infectée entraîne une réponse inflammatoire pour éliminer les bactéries.
- Blessures physiques :
- Les traumatismes (comme une coupure, une brûlure ou une contusion) déclenchent une inflammation pour réparer les tissus endommagés et prévenir les infections.
- Substances irritantes ou toxines :
- L’exposition à des substances chimiques ou des toxines (comme la fumée de cigarette, l’amiante ou les polluants) peut provoquer une inflammation chronique, en particulier dans les poumons ou la peau.
- Maladies auto-immunes :
- Dans les maladies auto-immunes, le système immunitaire attaque par erreur les propres tissus de l’organisme, provoquant une inflammation chronique. Par exemple, l’arthrite rhumatoïde entraîne une inflammation des articulations, et la maladie de Crohn affecte le tube digestif.
- Obésité :
- Le tissu adipeux, en particulier la graisse viscérale, produit des cytokines pro-inflammatoires, contribuant à une inflammation de bas grade associée à l’obésité. Cette inflammation chronique favorise des maladies comme le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires.
- Allergies :
- Dans les réactions allergiques, l’exposition à un allergène (comme le pollen, les acariens, ou certains aliments) provoque une libération excessive d’histamine par les mastocytes, entraînant une inflammation.
Effets de l’inflammation chronique :
- Maladies cardiovasculaires :
- L’inflammation chronique joue un rôle clé dans le développement de l’athérosclérose, où des plaques de graisse et de cholestérol s’accumulent dans les artères, augmentant le risque de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral (AVC).
- Diabète de type 2 :
- L’inflammation chronique de bas grade associée à l’obésité peut entraîner une résistance à l’insuline, contribuant au développement du diabète de type 2.
- Cancers :
- L’inflammation chronique favorise la prolifération cellulaire et peut contribuer à la transformation de cellules normales en cellules cancéreuses. Par exemple, la colite ulcéreuse chronique augmente le risque de cancer colorectal.
- Maladies neurodégénératives :
- L’inflammation chronique du système nerveux central est impliquée dans des maladies comme la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson, où des médiateurs inflammatoires contribuent à la dégénérescence des neurones.
- Fibrose tissulaire :
- Une inflammation prolongée peut entraîner la formation de tissu cicatriciel excessif (fibrose) dans les organes, réduisant leur fonctionnalité. Par exemple, la fibrose pulmonaire survient après une inflammation chronique dans les poumons.
Diagnostic de l’inflammation :
- Marqueurs sanguins :
- Plusieurs tests peuvent évaluer le niveau d’inflammation dans le corps :
- Protéine C-réactive (CRP) : Un marqueur de l’inflammation systémique. Des niveaux élevés indiquent une inflammation aiguë ou chronique.
- Vitesse de sédimentation des érythrocytes (VS) : Un autre marqueur de l’inflammation qui mesure la vitesse à laquelle les globules rouges se déposent au fond d’un tube à essai.
- Interleukines (IL-6, IL-1) et TNF-α : Ces cytokines pro-inflammatoires peuvent être mesurées dans le sang pour évaluer l’inflammation.
- Plusieurs tests peuvent évaluer le niveau d’inflammation dans le corps :
- Imagerie :
- Les examens d’imagerie (comme les scanners, IRM, ou échographies) peuvent détecter des signes d’inflammation dans des organes spécifiques (ex. : gonflement, œdème).
Traitement de l’inflammation :
- Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) :
- Les AINS (comme l’ibuprofène ou l’aspirine) sont couramment utilisés pour traiter l’inflammation aiguë en inhibant la production de prostaglandines.
- Corticostéroïdes :
- Les corticostéroïdes (comme la prednisone) sont des médicaments puissants qui réduisent l’inflammation en inhibant la réponse immunitaire. Ils sont souvent utilisés pour traiter l’inflammation chronique ou les maladies auto-immunes.
- Changements de mode de vie :
- Adopter une alimentation anti-inflammatoire (riche en fruits, légumes, oméga-3) et pratiquer une activité physique régulière peut aider à réduire l’inflammation chronique.
- La gestion du stress et l’amélioration de la qualité du sommeil sont également importantes pour prévenir l’inflammation chronique.
- Suppression des agents pathogènes ou irritants :
- En cas d’infection ou d’exposition chronique à des substances irritantes, le traitement de la cause sous-jacente (par exemple, les antibiotiques pour les infections bactériennes ou l’évitement des allergènes) est essentiel pour contrôler l’inflammation.
Conclusion :
L’inflammation est une réponse essentielle de l’organisme à une agression, qu’elle soit d’origine infectieuse, traumatique ou due à des irritants. Si elle est bénéfique à court terme, une inflammation prolongée peut devenir néfaste et être à l’origine de nombreuses maladies chroniques. Le traitement et la gestion de l’inflammation dépendent de sa cause, et la prévention de l’inflammation chronique est un élément clé pour maintenir la santé globale.

Rappels : Rôle de l’inflammation
- Neutraliser ou éliminer un pathogène ou une cellule anormale.
- Initier la cicatrisation
Réponse inflammatoire trop faible → ↑risques d’infections et de cancer Réponse immunitaire trop forte → Inflammation et des lésions oxydatives
Rappel : Déroulement de la réponse inflammatoire
- Fixation cytokine ou antigène sur récepteur → activation des kinases: → Libération de NF Kappa B → Transcription et traduction des gènes codant pour les enzymes de la réponse inflammatoire
- Phospholipase A2: détache les AG membranaires
- Cyclo oxygénase: métabolise des eicosanoïdes
Niveau d’intensité d’inflammation
Dépend de :
- Des eicosanoïdes (dépendant des acides gras)
- De l’équilibre immunitaire Taux/Treg. Dépendant :
- Microbiote
- Niveau de Vit D/A
- De l’activation des voies inflammatoires
- Insuline
- Ag alimentaires – Barrière intestinale
- LPS
- Polyphénols
- Anti-oxydants
Physiologie de l’inflammation
Rôle de l’inflammation :
- Détecter une menace
- Identifier la nature de menace
- Informer le système immunitaire
- Organiser la réponse immunitaire
- « Adaptée à la menace »
- Retrouver un état d’équilibre
Nature de la menace :
- Traumatique
- Chimique
- Micro-organismes: Virus/bactéries/parasites/levures
- Cellules cancéreuses
Acteurs de l’inflammation : Le système immunitaire
- Les cellules immunitaires
- Anticorps
- Les médiateurs
- Détecter → La menace
- Identifier → La nature de la menace
- Informer → Le système immunitaire
- Agir → Stratégie Adaptée
Inflammation adaptée ?
- La réponse du système immunitaire doit être adaptée en terme:
- D’intensité,
- De durée
- De localisation
- L’inflammation sera :
- Bénéfique lorsque la réponse est adaptée. Elle permet:
- De neutraliser ou d’éliminer un pathogène ou une cellule anormale
- D’initier la cicatrisation
- Néfaste si la réponse est inadaptée:
- Trop faible
- Exagérée
- Bénéfique lorsque la réponse est adaptée. Elle permet:
Inflammation adaptée ?
- Voies biochimiques identiques à nos ancêtres
- Intensité de la réponse dépend de notre équilibre nutritionnel et micronutritionnel
- Équilibre micronutritionnel totalement modifié au cours des dernières générations
- Aujourd’hui : La réponse inflammatoire très souvent inadaptée – excessive
Physiologie de l’inflammation
Inflammation Aiguë
- Rougeur
- Chaleur
- Œdème
- Sueur
- Douleur
Inflammation systémique de bas grade
- Sournoise/Lancinante/Permanente
- Difficile à identifier
- Signes cliniques divers et variés
- Douleurs inflammatoires chroniques: Tendinites, Arthrites, Bursites, etc.
- Fatigue
- Maux de tête
- Déprime/Dépression
- Taux de cytokines inflammatoires circulantes:
- Légèrement trop élevé
- En permanence
Inflammation systémique de bas grade
- IBG (Inflammation de Bas Grade) initie ou aggrave ou chronicise (entretien) toutes les pathologies chroniques de civilisations
- Syndrome Métabolique
- Diabète
- Surpoids – obésité
- Patho cardio-vasculaire
- HTA
- NASH
- Cancer
- Maladies Neuro-dégénératives
- Maladies Auto-immunes
- Dépression
- Syndrome de fatigue chronique – Fibromyalgie
- Syndrome Métabolique

Les 3 types d’inflammation clinique et biologique
A intégrer pour bien savoir l’expliquer en consultation
- Aiguë – Haut grade – Parlante (bruyante)
- Infections, accidents musculo-tendineux,…
- Chronique – Haut grade – Parlante (bruyante)
- Certains maladie auto immune: PR, SEP, Crohn, RCH, spondylarthrite… avec sur-risque cardio-vasculaire
- note mm : avec sur risque cardio-vasculaire
- Chronique – Bas grade – Silencieuse («à bas bruit»)
- Cardiovasculaire, troubles intestinaux, surpoids, dépression, arthrose, ostéoporose, vieillissement, terrain algique…
3 « types » d’inflammations
- Dosage de la CRP ultra sensible → Chronique – Bas grade – Silencieuse («à bas bruit»)
- Cardiovasculaire, troubles intestinaux, surpoids, dépression, arthrose, ostéoporose, vieillissement, terrain algique…
- Dosage de la CRP «classique» → Chronique – Haut grade – Parlante (bruyante)
- Certains maladie auto immune : PR, SEP, Crohn
- Dosage de la CRP «classique» → Aigue – Haut grade – Parlante (bruyante)
- Infections, accidents musculo-tendineux,…