Allergies alimentaires

Contrairement aux intolérances alimentaires, qui ne font pas intervenir le système immunitaire et sont généralement liées à des déficits enzymatiques (comme l’intolérance au lactose), une allergie alimentaire est une réponse immunitaire inappropriée et exagérée à des protéines présentes dans certains aliments. L’allergie alimentaire implique souvent une réaction immunitaire médiée par les anticorps de type IgE (immunoglobulines E) et peut déclencher une série de symptômes allant de bénins à graves, voire potentiellement mortels, comme l’anaphylaxie.

Mécanisme d’action :

  1. Phase de sensibilisation : Lors de la première exposition à un allergène alimentaire, le système immunitaire d’un individu sensibilisé le reconnaît comme un corps étranger. Les cellules dendritiques capturent l’allergène et le présentent aux lymphocytes T, qui activent à leur tour les lymphocytes B. Ceux-ci produisent des IgE spécifiques dirigées contre l’allergène, qui se fixent ensuite aux récepteurs FcεRI sur les mastocytes et les basophiles.
  2. Réexposition : Lors d’une exposition ultérieure, l’allergène se lie aux IgE fixées sur les mastocytes et basophiles, entraînant leur dégranulation et la libération de médiateurs inflammatoires comme l’histamine, les prostaglandines et les leucotriènes. Ces médiateurs sont responsables des symptômes allergiques.

Signes cliniques :

Les symptômes d’une allergie alimentaire apparaissent généralement quelques minutes à quelques heures après l’ingestion et peuvent toucher plusieurs systèmes :

  1. Cutané : Urticaire, œdème de Quincke, érythème, prurit.
  2. Gastro-intestinal : Nausées, vomissements, douleurs abdominales, diarrhée.
  3. Respiratoire : Rhinite, toux, dyspnée, bronchospasme, laryngospasme.
  4. Systémique : L’anaphylaxie peut se manifester par une hypotension, une tachycardie, une difficulté respiratoire aiguë et un risque d’arrêt cardiaque.

Aliments fréquemment impliqués :

Certains aliments sont fréquemment responsables des allergies alimentaires :

  • Chez l’enfant : Lait de vache, œufs, arachides, soja, blé.
  • Chez l’adulte : Arachides, fruits à coque (noix, noisettes, amandes), fruits de mer (poissons, crustacés), fruits (pommes, pêches), céleri.

Les allergènes alimentaires peuvent être thermolabiles (détruits par la cuisson) ou thermostables (conservent leur allergénicité après cuisson).

Diagnostic :

Le diagnostic repose sur une combinaison de méthodes :

  1. Anamnèse : Identification des symptômes, de leur timing et des aliments suspects.
  2. Tests cutanés (prick tests) : Introduction d’une petite quantité d’allergène sous la peau pour observer une réaction immédiate.
  3. Dosage des IgE spécifiques : Détection sanguine des IgE dirigées contre un allergène alimentaire.
  4. Test de provocation orale : Sous surveillance médicale stricte, il permet de confirmer l’allergie.

Prise en charge :

  1. Éviction de l’allergène : La gestion principale consiste à éviter les aliments responsables, avec une éducation des patients sur la lecture des étiquettes et les risques de contamination croisée.
  2. Traitement des symptômes aigus : Antihistaminiques ou corticostéroïdes pour les réactions modérées ; en cas d’anaphylaxie, injection d’adrénaline par auto-injecteur (stylo EpiPen®).
  3. Désensibilisation orale : Administration progressive de doses croissantes de l’allergène pour induire une tolérance, sous supervision médicale.

Allergies croisées :

Les réactions croisées peuvent se produire entre les allergènes alimentaires et les pollens. Par exemple, des individus allergiques au pollen de bouleau peuvent réagir à des fruits crus comme les pommes ou les noisettes, ce qui est appelé syndrome d’allergie orale.

Prévention :

L’éducation sur l’éviction des allergènes et la gestion des situations d’urgence est primordiale. Chez les enfants à risque, l’introduction précoce d’allergènes sous surveillance médicale est recommandée pour réduire le risque de développement d’une allergie.

Conclusion :

Les allergies alimentaires diffèrent des intolérances alimentaires par leur mécanisme immunitaire impliquant les IgE. Leur prise en charge repose sur l’éviction des allergènes, la gestion des réactions aiguës avec l’adrénaline, et parfois des thérapies de désensibilisation. Une évaluation clinique minutieuse et des tests diagnostiques sont essentiels pour assurer une gestion optimale du risque allergique.

Récapitulatif des points clés :

  • Différence avec l’intolérance : L’allergie implique une réaction immunitaire, l’intolérance ne concerne pas le système immunitaire.
  • Mécanisme : Réaction immunitaire médiée par les IgE.
  • Symptômes : Manifestations cutanées, gastro-intestinales, respiratoires, anaphylaxie.
  • Aliments responsables : Lait, œufs, arachides, fruits à coque, fruits de mer.
  • Diagnostic : Anamnèse, tests cutanés, dosage des IgE, tests de provocation orale.
  • Prise en charge : Éviction, traitement d’urgence (adrénaline), désensibilisation.

Allergie alimentaire :

  1. Mécanisme : L’allergie alimentaire implique le système immunitaire. Elle survient lorsque le corps identifie à tort une protéine alimentaire comme une menace et déclenche une réponse immunitaire. Cette réponse peut inclure la production d’anticorps (IgE), la libération d’histamine et d’autres substances chimiques.
  2. Symptômes : Les symptômes d’une allergie alimentaire peuvent survenir rapidement (en quelques minutes à quelques heures après ingestion) et peuvent inclure :
    • Urticaire (éruptions cutanées)
    • Démangeaisons
    • Gonflement (notamment du visage, des lèvres, de la langue)
    • Difficulté à respirer (en cas de réaction grave, comme une anaphylaxie)
    • Vomissements
    • Diarrhée
    • Douleurs abdominales
  3. Gravité : Les allergies alimentaires peuvent être potentiellement mortelles, surtout en cas de réaction anaphylactique, nécessitant souvent une intervention médicale immédiate (par exemple, une injection d’épinéphrine).

Intolérance alimentaire :

  1. Mécanisme : L’intolérance alimentaire ne concerne pas le système immunitaire. Elle résulte souvent d’une difficulté à digérer certains aliments ou composés alimentaires, en raison d’une enzyme manquante ou insuffisante (comme dans l’intolérance au lactose) ou d’une sensibilité à certains additifs ou composés naturels.
  2. Symptômes : Les symptômes d’une intolérance alimentaire apparaissent généralement plus lentement et sont souvent liés au système digestif. Ils peuvent inclure :
    • Ballonnements
    • Douleurs abdominales
    • Gaz
    • Diarrhée
    • Nausées
    • Maux de tête (dans certains cas)
  3. Gravité : Contrairement aux allergies, les intolérances alimentaires ne sont généralement pas mortelles. Elles peuvent être très inconfortables, mais elles ne provoquent pas de réaction anaphylactique. La gestion des symptômes repose souvent sur l’évitement de l’aliment ou la prise de suppléments enzymatiques (comme la lactase pour l’intolérance au lactose).