G – Arthrose

L’arthrose, également appelée ostéoarthrite, est une maladie articulaire dégénérative chronique caractérisée par la dégradation progressive du cartilage articulaire, l’épaississement de l’os sous-chondral et l’apparition d’ostéophytes (excroissances osseuses). Elle est la forme la plus courante d’arthropathie et affecte principalement les articulations portantes telles que les genoux, les hanches, la colonne vertébrale, mais peut aussi toucher les mains.

Physiopathologie :

L’arthrose résulte d’un déséquilibre entre la dégradation et la synthèse du cartilage articulaire et de l’os sous-jacent. Le cartilage sain permet des mouvements fluides en réduisant la friction entre les os et en amortissant les chocs. Dans l’arthrose, ce processus est perturbé par plusieurs facteurs mécaniques et biologiques, conduisant à une dégénérescence progressive des structures articulaires.

  1. Dégradation du cartilage : Le cartilage articulaire s’amincit et perd sa capacité à absorber les chocs. Les chondrocytes, cellules responsables de la synthèse et de la maintenance du cartilage, deviennent dysfonctionnels sous l’effet de processus inflammatoires et de stress mécanique.
  2. Inflammation locale : Bien que l’arthrose ne soit pas une maladie inflammatoire systémique, une inflammation locale des tissus synoviaux est fréquente. Cette inflammation, de faible intensité, contribue à la libération de cytokines pro-inflammatoires (comme l’IL-1β et le TNF-α) qui augmentent la production de métalloprotéinases matricielles (MMP) et autres enzymes responsables de la dégradation du cartilage.
  3. Ostéophytes et remodelage osseux : En réponse à la perte de cartilage, l’os sous-jacent se densifie et forme des excroissances osseuses appelées ostéophytes. Ces modifications osseuses peuvent réduire l’amplitude des mouvements, provoquer des douleurs et favoriser les inflammations.

Facteurs de risque :

  1. Âge : L’arthrose est plus fréquente chez les personnes de plus de 50 ans, avec une prévalence qui augmente avec l’âge.
  2. Surpoids et obésité : L’excès de poids exerce une pression supplémentaire sur les articulations portantes, accélérant ainsi l’usure du cartilage, en particulier au niveau des genoux.
  3. Facteurs mécaniques : Les anomalies biomécaniques comme les malalignements (genu varum/valgum) et les antécédents de traumatismes articulaires ou de surutilisation des articulations (liés au travail ou au sport) sont des facteurs aggravants.
  4. Facteurs génétiques : Il existe une composante génétique qui prédispose certains individus à développer de l’arthrose, notamment au niveau des mains.
  5. Sexe : L’arthrose touche plus fréquemment les femmes, en particulier après la ménopause, probablement en raison de facteurs hormonaux.
  6. Sédentarité : L’absence d’activité physique régulière peut affaiblir les muscles périarticulaires, réduisant le soutien aux articulations et augmentant le risque d’arthrose.

Symptômes cliniques :

L’arthrose se développe progressivement et ses symptômes peuvent varier en fonction de l’articulation touchée :

  1. Douleur articulaire : La douleur est le symptôme principal, généralement exacerbée par l’activité physique et soulagée par le repos. Elle tend à être mécanique, c’est-à-dire liée à l’usage de l’articulation.
  2. Raideur articulaire : Elle est typiquement présente après une période d’immobilité, comme au réveil le matin, et dure généralement moins de 30 minutes (contrairement à la polyarthrite rhumatoïde où la raideur est plus longue).
  3. Réduction de l’amplitude des mouvements : La dégradation articulaire peut limiter la mobilité, entraînant des difficultés à accomplir des activités quotidiennes.
  4. Crépitements : Des bruits articulaires, tels que des crépitations, peuvent être perçus lors des mouvements en raison des irrégularités sur les surfaces articulaires.
  5. Déformations articulaires : Aux stades avancés, des déformations articulaires (comme des nodules d’Heberden aux doigts) peuvent apparaître.

Diagnostic :

Le diagnostic de l’arthrose est principalement clinique, basé sur les symptômes et l’examen physique. Il peut être confirmé par des examens d’imagerie et d’autres investigations pour exclure d’autres pathologies articulaires.

  1. Radiographies : Les signes radiographiques incluent un rétrécissement de l’espace articulaire, des ostéophytes, une sclérose sous-chondrale et des géodes (cavités kystiques dans l’os).
  2. IRM : L’IRM est utile pour visualiser les tissus mous, comme le cartilage et les ligaments, et pour détecter les stades précoces de l’arthrose avant que les signes radiographiques ne soient visibles.
  3. Échographie : Elle peut aider à évaluer l’inflammation synoviale et la présence d’effusions articulaires.

Prise en charge :

L’arthrose est une maladie chronique incurable, mais sa prise en charge vise à soulager la douleur, améliorer la fonction articulaire et ralentir la progression de la maladie. Le traitement combine généralement des approches non pharmacologiques et pharmacologiques.

  1. Approches non pharmacologiques :
    • Perte de poids : La réduction du poids corporel diminue la pression exercée sur les articulations portantes et réduit les symptômes.
    • Exercice physique : Les exercices de renforcement musculaire, d’étirement et d’aérobic à faible impact (comme la natation et la marche) sont recommandés pour maintenir la mobilité et la fonction articulaire.
    • Orthèses et dispositifs d’assistance : Les semelles orthopédiques et les attelles peuvent aider à corriger les déséquilibres articulaires et à réduire les douleurs mécaniques.
    • Physiothérapie : La physiothérapie aide à améliorer la flexibilité, la force et à réduire la douleur.
  2. Approches pharmacologiques :
    • Antalgiques : Les analgésiques comme le paracétamol sont utilisés pour le soulagement de la douleur légère à modérée.
    • AINS (Anti-inflammatoires non stéroïdiens) : Les AINS, comme l’ibuprofène, sont prescrits pour réduire l’inflammation et soulager la douleur modérée à sévère.
    • Corticostéroïdes intra-articulaires : Les injections de corticostéroïdes peuvent soulager temporairement les poussées d’inflammation aiguë dans les articulations affectées.
    • Injections d’acide hyaluronique : Cette thérapie vise à améliorer la lubrification de l’articulation et à réduire la douleur.
  3. Chirurgie : Lorsque les traitements conservateurs échouent et que la douleur et la dysfonction sont sévères, des options chirurgicales peuvent être envisagées :
    • Arthroscopie : Technique pour retirer les débris dans l’articulation.
    • Ostéotomie : Chirurgie visant à réaligner l’articulation pour réduire la pression sur les zones les plus touchées.
    • Prothèse articulaire (arthroplastie) : Le remplacement de l’articulation est indiqué dans les cas avancés d’arthrose.

Conclusion :

L’arthrose est une maladie articulaire dégénérative courante qui résulte de la dégradation du cartilage et affecte principalement les personnes âgées. Bien qu’incurable, elle peut être prise en charge efficacement par une combinaison de changements de mode de vie, de traitement pharmacologique et, dans certains cas, de chirurgie pour améliorer la qualité de vie et ralentir la progression des symptômes.

Récapitulatif des points clés :

  • Mécanisme : Dégradation progressive du cartilage et inflammation locale.
  • Facteurs de risque : Âge, surpoids, traumatismes, facteurs génétiques.
  • Symptômes : Douleur mécanique, raideur, réduction de la mobilité, crépitements.
  • Diagnostic : Radiographie, IRM, échographie.
  • Prise en charge : Exercice, perte de poids, orthèses, antalgiques, AINS, injections, chirurgie.