BM – L’iode
Une carence en iode est la cause majeure d’hypofonctionnement thyroïdien dans le monde : on parle d’hypothyroïdie. Dans les pays développés, les carences profondes en iode sont rares aujourd’hui, mais les carences modérées ou déficits légers sont fréquents, contribuant à des tableaux cliniques d’hypothyroïdie fonctionnelle (on dit aussi « frustes »), avec des symptômes qui impactent beaucoup la vie quotidienne : fatigue psychique et physique, frilosité, constipation, troubles digestifs, migraine… Ainsi, l’évaluation du statut en iode semble essentielle dans le cadre d’un bilan thyroïdien fonctionnel. Des taux d’iode optimaux sont aussi importants pour une bonne fertilité, chez la femme enceinte pour un développement nerveux optimal du fœtus et aussi pour prévenir le cancer du sein.
Particularités et lecture du dosage de l’iode
Plus de 90 % de l’iode ingéré étant excrétés par voie urinaire, son dosage dans les urines est un excellent reflet des apports d’iode. Ce dosage urinaire donne une indication sur la prise récente d’iode, mais n’est pas un reflet d’une prise d’iode sur le long terme. Attention donc de ne pas voir des carences en iode chez tout le monde, même si elles sont fréquentes. Pour l’interprétation, je propose de confronter le dosage urinaire, les estimations des apports et la clinique.
Le meilleur dosage est le recueil des urines sur 24 h, mais il est en pratique assez compliqué à réaliser. On lui préfère ainsi souvent un dosage de l’iode à partir des urines du matin. Sa fiabilité est moins bonne, car dépendante des apport hydriques (d ‘un point de vue technique, on peut corriger cela grâce au dosage de la créatine urinaire, mais il faut savoir que les taux de créatine dépendent beaucoup de la consommation de protéines, de l’activité sportive, d’autres paramètres, donc de n’est pas parfait non plus).
Les valeurs de référence pour les dosages d’iode sont les suivantes :
- Carence en iode sévère : < 20 µg/L
- Carence en iode modérée : entre 20 et 49 µg/L
- Carence en iode légère : entre 50 et 99 µg/L
- Taux optimaux d’iode : entre 100 et 300 µg/L
Applications du dosage de l’iode
En cas de suspicion de déficit ou de carence, comme on vient de l’évoquer, on pourra regarder de plus près l’alimentation. Il faut savoir que certains modes alimentaires exposent à des carences en iode : les régimes sans sel proposés dans les contextes d’hypertension, les régimes végétaliens notamment en absence de consommation d’algues, les régimes sans produits laitiers. En France, les produits laitiers représentent 40 % des apports en iode, mais dans certains pays c’est encore beaucoup plus. Il n’y a donc rien de surprenant à constater que les exclusions totales de produits laitiers ont des impacts importants sur les niveaux d’iode. Les régimes paléo ou régimes pauvres en glucides présentent aussi des risques de carence en iode.