BM – Le zinc

L’intérêt de cet oligoélément pour une bonne immunité est bien connu et reconnu depuis longtemps. c’est un des micronutriments dont le rôle est le plus polyvalent (le magnésium et le potassium ont aussi cette polyvalence). On estime qu’il participe à l’activité de plus de 300 enzymes dans l’organisme, et 8 % de notre génome requiert du zinc pour être « activé » (2 500 facteurs de transcription nécessitent du zinc pour fonctionner !). Il joue un rôle dans les échanges cellulaires (libération neurotransmetteurs, insuline) et dans certains processus biochimiques essentiels (méthylation, défense antioxydante). Cette polyvalence a deux conséquences. Tout d’abord, il est difficile d’établir un lien tranché entre une carence en zinc et une dysfonction (comme le lien entre la carence en fer et l’anémie). Mais par ailleurs, tout déficit ou toute carence a potentiellement des impacts fonctionnels multiples. Doser et corriger le zinc aura donc des conséquences très globales pour une bonne santé.

Indication du dosage du zinc

De ce qui précède, on conclura facilement que le dosage du zinc sera très fréquent dans une consultation de santé fonctionnelle. Dans de nombreuses situations cliniques, il deviendra même indispensable :

  • Dans les contextes d’infection fongique, bactérienne ou virale.
  • Dans de nombreuses situations de dysfonction neuropsychique, car le zinc est un important micronutriment du système nerveux :
    • Troubles de la cognition : troubles de l’attention, déclin cognitif.
    • Troubles de l’humeur : dépression chez l’homme, la femme, l’enfant et le senior. En cas de traitement antidépresseur, on peut également optimiser l’efficacité du traitement en rajoutant du zinc.
    • Troubles de l’adaptation : stress chronique, burn-out. On pense souvent au magnésium dans ces situations, mais le zinc est également essentiel
  • Dans les pathologies où un stress oxydant est mis en cause : par exemple cardiovasculaires ou DMLA.
  • Dans les troubles hormonaux : diabète, hypothyroïdie ou troubles hormonaux féminins.
  • Dans de nombreuses affections cutanées (acné, eczéma, cicatrisation, etc.).
  • Dans des troubles des muqueuses : buccale (aphtes) ou intestinale. En effet, il faut savoir que le zinc est nécessaire dans tous les processus physiologiques nécessitant une division cellulaire rapide. Or, la muqueuse intestinale se régénère toutes les 36 heures avec une synthèse de 50 milliards de cellules ! Un déficit ou carence en zinc altère ce processus. D’autre part, le zinc est nécessaire à la synthèse du mucus intestinal. Il sera donc un micronutriment indispensable pour éviter (ou cicatriser) une porosité intestinale.
  • Dans les troubles de la méthylation impliqués notamment dans une altération de la détox
  • Dans les situations à risque de déficit : régimes alimentaires pauvres en viande, sujet âgé, grossesse, contraception orale, maladie de Crohn, maladie cœliaque.

Particularité et lecture du dosage du zinc

Un organisme vulnérable aux carences

Il participe à des milliers de réactions biochimiques différentes dans l’organisme. Pour réaliser cette prouesse, le zinc est distribué absolument partout dans le corps humain, et il n’y a pas de compartiment dédié au stockage du zinc. En conséquence, l’organisme est extrêmement vulnérable aux variations des apports de zinc. Plusieurs jours sans zinc alimentaire et les taux sanguins diminuent, entraînant des troubles fonctionnels. Ainsi, le taux de zinc doit être continuellement reconstitué par l’alimentation.

Meilleure analyse du zinc et valeur santé

Le dosage plasmatique est le meilleur dosage pour estimer les réserves de zinc et observer l’effet d’une supplémentation. Le dosage érythrocytaire, bien que moins variable, a peu d’intérêt.

La carence en zinc est prononcée lorsque le taux est inférieur à 70 µg/dl. On visera des taux santé autour de 110 µg/dl.

À propos du dosage du zinc

Il y a plusieurs choses à connaître pour bien réaliser et interpréter un dosage du zinc :

  • Le taux plasmatique de zinc diminue en cas d’inflammation et d’infection. C’est le même principe que pour le fer : l’objectif de l’organisme est de ne pas laisser trop de zinc disponible pour les bactéries pathogènes. Dans l’idéal, on réalisera toujours le dosage avec une CRP.
  • Il ne doit pas y avoir d’hémolyse (destruction des globules rouges) induite par le prélèvement sanguin (la présence d’une hémolyse est notée avec le résultat d’une prise de sang). En effet, en cas d’hémolyse, la valeur du zinc plasmatique va être surévaluée à cause de la libération du zinc contenu dans les globules rouges.
  • On n’interrompra pas la supplémentation de zinc avant un dosage de suivi. En effet, le taux plasmatique étant extrêmement vulnérable aux apports, le niveau de zinc peut rapidement rebaisser (en 15 jours) et l’évaluation du niveau avec supplémentation être biaisée.
  • Il est difficile de remonter des taux de zinc dans les valeurs santé. Il faut souvent persévérer plusieurs mois.

Le bon rapport cuivre/zinc

Dans certains contextes neuropsychiques, l’évaluation du taux plasmatique de zinc devrait s’accompagner du dosage du cuivre (plasma ou sérum sont équivalents) afin de calculer un rapport cuivre/zinc qui doit idéalement être de 1. Il doit donc y avoir autant de zinc que de cuivre circulant dans le plasma (les normes de référence pour le cuivre sont de 80-140 µg/dl). Or, il est démontré qu’un déséquilibre du rapport cuivre/zinc dans le sens d’un excès de cuivre est impliqué dans les troubles anxieux dépressifs, dans l’autisme, dans le cancer du poumon et fortement suspecté dans la maladie d’Alzheimer et des contextes de stress oxydatif. Pour une bonne santé mentale, il est donc conseillé de surveiller : carence en zinc, excès de cuivre, niveaux relatifs de l’un par rapport à l’autre.

Les excès de cuivre peuvent surtout survenir :

  • Dans le cadre de l’usage de contraception orale. C’est en réalité l’induction d’un phénomène inflammatoire par les œstrogènes de synthèse qui font augmenter le taux de cuivre. On constate une augmentation du taux sérique plasmatique de plus de 50 %. À signaler que, par contre, le cuivre de certains stérilets ne fait pas augmenter le cuivre plasmatique.
  • Dans le cadre de l’exposition au cuivre utilisé en agriculture biologique (bouillie bordelaise). Il faut donc laver abondamment les fruits et légumes bio notamment si vous avez un zinc bas.
  • Chez les fumeurs.