BM – Le polymorphisme du mucus intestinal
Polymorphisme du mucus intestinal
Le mucus qui recouvre la muqueuse est composé de glycoprotéines : les mucines. La touche finale à la synthèse des mucines consiste en l’ajout d’un sucre spécifique qui s’appelle le fucose. Cette étape finale, appelée fucosylation, fait appel à une enzyme, la FUT2 (acronyme de fucosyltransférase de type 2). Or, le gène qui permet la synthèse de cette enzyme présente deux polymorphismes majeurs qui la stoppent complètement. Chez les personnes présentant deux « gènes-recette » dysfonctionnels du gène FUT2 (elles ont reçu un « gène-recette » dysfonctionnel de leur père et un de leur mère ; on dit qu’ils sont homozygotes mutés), le mucus est donc non finalisé (non fucosylé).
– L’importance du mucus intestinal
Or, le mucus n’est pas qu’une couche protectrice de la muqueuse ; c’est un élément nourricier très important pour certaines bactéries du microbiote. Sans ce mucus fucosylé, le microbiote s’appauvrit en bifidobactéries, qui sont des bactéries probiotiques capitales pour la santé intestinale. Ce terrain génétique conduit à des vulnérabilités pour certaines pathologies (diabète de type 1, maladie de Crohn, gastroentérites virales, infections intestinales bactériennes, otites), mais aussi à des troubles fonctionnels intestinaux (candidose, constipation).
– Le dosage des IgA sécrétoires
De manière générale, chez ces personnes FUT2 muté, on veillera à avoir une santé optimale des muqueuses. Si elles sont sujettes à des infections intestinales chroniques, on pourra par exemple doser les IgA sécrétoires, qui sont les anticorps impliqués dans la bonne santé des muqueuses. On dosera ces anticorps dans les selles. Lorsqu’ils sont bas, ils traduisent une vulnérabilité supplémentaire de la muqueuse intestinale. Si ces IgA sécrétoires restent basses malgré toute la prise en charge fonctionnelle (et si les infections chroniques persistent), il pourra être intéressant de consulter un médecin qui pourra doser les IgA totales dans le plasma. En effet, le déficit en IgA total est l’immunodéficience congénitale la plus fréquente dans le monde. Lorsque les IgA totales sont basses (< 0,07 mg/ml), les IgA sécrétoires des muqueuses vont aussi être diminuées, conduisant à un terrain à risque d’infection : urinaire, gastro-intestinale, cutanée et des voies respiratoires.