BM – La vitamine B12
La vitamine B12 : la carence du végan, du végé et du flexitarien
Cette vitamine est censée être bien connue des végétariens, végétaliens, végans et autres petits mangeurs de produits animaux. Elle devrait être l’objet chez eux d’une surveillance particulière pour éviter des déficits voire des carences. En effet, on ne trouve cette vitamine que dans les produits animaux.
Indications du dosage de la vitamine B12
Personnes à risque de carence :
- Les personnes prenant un inhibiteur de la pompe à proton, plus communément appelé IPP (médicament pour la réduction de la sécrétion acide de l’estomac) : c’est une prescription très courante, même au long cours, alors que leurs indications (AMM) les valident uniquement pour de courtes durées.
- Les personnes sous antibiothérapie, ou sous metformine, sous contraceptif oral
- ayant eu une chirurgie gastrique.
- Les personnes présentant des troubles gastriques pathologiques (gastrites) ou fonctionnels. Les hyposécrétions gastriques (on parle d’hypochlorhydrie) liées au stress ou à une hypothyroïdie ou à l’âge, par exemple, sont très courantes. La faible acidité gastrique impacte l’absorption de la vitamine B12, notamment.
- Les personnes présentant des troubles intestinaux : SIBO, porosité intestinale, hypersensibilités alimentaires, inflammation du grêle, maladie de Crohn, maladie cœliaque…
- Les femmes après une grossesse, en cours d’allaitement ou après allaitement : s’il n’y a pas eu de supplémentation, les réserves ne remontent pas toutes seules !
Et cette liste est loin d’être exhaustive…
La situation la plus courante étant sans doute la fatigue, l’anémie.
La carence en B12 provoque aussi des fatigues liées à d’autres causes que l’anémie : c’est en effet une vitamine essentielle au métabolisme énergétique (production d’ATP).
Le déficit ou la carence en B12 va aussi induire un dysfonctionnement d’une série de réactions biochimiques importantes dans nos cellules que l’on appelle le cycle de la méthylation.
À noter que les taux de vitamine B12 peuvent être augmentés dans de nombreuses situations qui révèlent d’une prise en charge médicale (troubles hématologiques et hépatologiques, certaines maladies auto-immunes ou inflammatoires). Cependant, dans la consultation de santé fonctionnelle, on peut retrouver des taux élevés dans les situations de prolifération bactérienne dans l’intestin grêle (SIBO). Rappelez-vous en effet que les bactéries de notre microbiote intestinal sont capables de produire de nombreuses vitamines.
Particularités et lecture des dosages de la vitamine B12
Il existe 3 types de dosage différents pour mettre en évidence les déficits ou carences en vitamine B12 :
1 – Dosage du taux de vitamine B12 total dans le sérum
C’est le plus courant, le standard, celui que réalise le médecin avec une prise de sang. Ce n’est malheureusement pas le meilleur. Pourquoi n’est-ce pas le dosage à recommander ? Il faut savoir que dans le sérum cette vitamine est liée à deux protéines : la transcobalamine et l’haptocorrine, qui ont des métabolismes différents :
- 20 % de la vitamine B12 sont liés à la transcobalamine (TC). C’est une forme de vitamine biologiquement active, car elle peut être libérée dans les cellules. Cette forme de vitamine B12 est logiquement appelée vitamine B12 active. Elle va diminuer précocement dès qu’il va y avoir un déficit en B12.
- 80 % de la vitamine B12 sont liés à l’haptocorrine. Cette vitamine n’est pas biodisponible, car elle n’est pas libérée au niveau des cellules (qui n’ont pas de récepteurs pour la « recevoir »). Cette forme de vitamine B12 ne va pas diminuer au début d’un déficit.
Ainsi, lorsqu’on dose la vitamine B12 dans le sérum, on dose 80 % d’une forme qui ne réagit pas à l’apparition d’un déficit. Autrement dit, une carence peut exister alors que la valeur de la B12 sérique est normale. Ce dosage a donc très peu de valeur et il existe un grand flou sur les valeurs définissant les risques de carences ou déficits. Étant donné que c’est souvent celui-ci qui est proposé, je donne ici quelques repères sur les normes.
On considère que la carence est certaine à un taux inférieur à 200 ng/L (seuil OMS), probable entre 200 et 400 ng/L et peu probable au-dessus de 400 ng/L. Mais étant donné la faible fiabilité de ce dosage, des débats existent, et certains experts de la vitamine B12 sont convaincus que même à partir de 600 ng/L les cellules peuvent souffrir d’un sous-approvisionnement en vitamine B12. Ainsi, si vous n’avez que ce dosage, prenez ce taux cible : supérieur à 600 voire 800 ng/mL.
2 – Dosage spécifique la vitamine B12 liée à la transcobalamine
On parle du dosage de la vitamine B12 active ou Holo transcobalamine (Holo TC). C’est un dosage plus fiable qui va témoigner précocement d’une carence en B12 lorsque les réserves du corps commencent à diminuer. Un taux inférieur à 35 pmol/L indique une carence certaine en vitamine B12. Un taux entre 35 et 50 pmol/L indique un approvisionnement cellulaire sous-optimal. Même si ce dosage est plus fiable que le dosage de la B12 sérique, il reste quand même des zones de flou sur les seuils. On propose des taux santé aux alentours de 120 pmol/L.
3 – Dosage de l’acide méthylmalonique urinaire (MMA)
Dans les cellules, la vitamine B12 est essentielle à une activité biochimique qui convertit le MMA en une autre molécule. Lorsqu’il y a une carence en vitamine B12 au niveau cellulaire, cette activité biochimique est ralentie et le MMA augmente dans la cellule, et par répercussion dans le sang et dans les urines. Une augmentation du MMA dans le sang ou dans les urines révèle donc avec certitude la carence cellulaire en vitamine B12. Le MMA est ce que l’on appelle un marqueur fonctionnel.
Des taux de MMA sanguin supérieurs à 260 nmol/L révéleront des déficits ou carences cellulaires en B12. Mais le dosage urinaire est plus fiable lorsque le taux est rapporté à la créatinine. Il est bien associé à un déficit ou carence en B12 lorsque les taux sont supérieurs à 1,5 µmol/mmol de créatinine.
Un autre marqueur appelé homocystéine fonctionne selon le même principe, mais il est moins spécifique du déficit ou de la carence en B12.