BM – Biologie de l’inflammation systémique

Sur le site d’un foyer inflammatoire, il y a des millions de globules blancs, qui communiquent beaucoup entre eux à l’aide de molécules que l’on appelle des cytokines. C’est un véritable langage, d’une grande complexité. Par ailleurs, lors d’une inflammation, certaines cytokines vont communiquer avec le foie (interleukine 6, interleukine 1, le TNF alpha) et l’informer de la présence d’une inflammation. Le foie va réorienter son métabolisme pour participer à l’effort de guerre.

Informé de la présence d’une inflammation, le foie va produire ce que l’on appelle des molécules de l’inflammation, qui vont aider l’organisme à se défendre. L’une de ces molécules s’appelle la protéine C réactive ou CRP. Elle joue un rôle complexe dans la réponse inflammatoire. La CRP est fabriquée par le foie et passe dans la circulation sanguine comme de nombreuses autres protéines de l’inflammation. D’un foyer inflammatoire localisé, on est maintenant passé à une inflammation plus globale, systémique, car des molécules de l’inflammation circulent partout dans le corps. L’inflammation va potentiellement pouvoir toucher tous les systèmes et être impliquée dans de nombreuses pathologies. Ainsi, il y a quelques années, nous n’imaginions pas que l’inflammation pouvait être un facteur causal de la dépression. Or, aujourd’hui, il est bien admis qu’être dans un état inflammatoire chronique augmente le risque de dépression, et le dosage de la CRP peut nous révéler ce terrain. Mais de quelle CRP parlons-nous ?

L’inflammation de bas grade et la CRP ultrasensible

Vous avez sans doute déjà entendu parler de la CRP. Le médecin la prescrit pour des états infectieux ou des états inflammatoires pathologiques. C’est une biologie médicale réservée au médecin. La CRP dit ultrasensible, qui va mettre en évidence des états inflammatoires légers de « bas grade ». Le praticien en santé fonctionnelle va ainsi rechercher des petits taux d’inflammation, car ceux-ci contribuent à des pathologies de civilisation. Il faut en effet bien distinguer deux types d’inflammation :

  • L’inflammation aiguë, de haut grade, bruyante ou « parlante ». Le processus inflammatoire est limité dans le temps. Il est à haute intensité avec des manifestations très visibles : fièvre, douleur, fatigue. La prise en charge est médicale. Les analyses biologiques sont : la CRP « classique », la vitesse de sédimentation, l’électrophorèse des protéines, la numération formule sanguine (NFS), etc. Autant d’analyses réservées au médecin.
  • L’inflammation chronique, de bas grade, silencieuse ou « à bas bruit ». Le processus inflammatoire dure dans le temps (dysbiose, surpoids). Il est à faible intensité et ne présente aucune manifestation typique de l’inflammation aiguë (fièvre, notamment). Il concerne le praticien en santé fonctionnelle. La biologie dans ce contexte : la CRP dite ultrasensible.

On peut ajouter un troisième type d’inflammation que l’on qualifiera de chronique, de haut grade et parlante ou bruyante. C’est le cas des inflammations qui se manifestent dans les contextes de pathologies auto-immunes, comme la polyarthrite, la spondylarthrite ou la sclérose en plaques. Toutes ces pathologies peuvent présenter de très forts états inflammatoires lors des poussées. Ces dernières doivent bien entendu être prises en charge par le médecin. Cependant, le praticien en santé fonctionnelle aura aussi un grand rôle à jouer dans ces pathologies, notamment en travaillant sur le terrain inflammatoire.

Quand proposer le dosage de la CRP ultrasensible ?

Puisque l’inflammation de bas grade est silencieuse, il faut la mettre en évidence par la biologie. Ainsi, la CRP ultrasensible est un marqueur qui convient dans toutes les consultations de santé fonctionnelle. On la conseillera particulièrement dans les contextes de dépression, de terrain à risque cardiovasculaire, en prévention primaire ou secondaire ou en cas d’antécédents familiaux, chez le sujet âgé, en cas de troubles métaboliques, de terrain à risque de cancer. L’inflammation de bas grade a été associée à un surrisque de mortalité toutes causes confondues. En conclusion : il ne fait pas bon être en inflammation de bas grade si on veut vivre vieux et en bonne santé.

Quelles sont les valeurs santé pour la CRP ultrasensible ?

S’il arrive que la CRP ultrasensible soit à 0 mg/L, on observe très fréquemment un bruit de fond inflammatoire donnant des valeurs de 0,2 ou 0,3 mg/L. Cependant, on considère qu’il y a une inflammation de bas grade à partir de 0,5 mg/L. Elle est légère entre 0,5 et 1,5 mg/L ; modérée entre 1,5 et 3 mg/L ; élevée entre 3 et 5 mg/L. Au-delà, il ne s’agit plus d’une inflammation de bas grade.