Biologies du stress
Biologies du stress et des biorythmes
Pourquoi faire de la biologie du stress ?
- Parce que l’appréciation du stress est peu objective :
- Il existe de nombreux questionnaires ou échelles de mesure du stress
- Évaluation du stress chronique
- Ils ont beaucoup de limites, car il y a souvent un gouffre entre :
- Ce que pensent les gens de leur stress : « ça va je gère bien », « j’encaisse », « j’aime bien une vie pleine d’adrénaline »
- Et ce que le corps ressent de leur stress : « encore un mois comme ça et je craque ! »
- Dans certaines situations d’alertes (fatigue ou anxiété chronique, signes d’épuisements, …) il ne faut donc pas hésiter à donner la parole… au corps… avec la biologie !
- Parce que le stress évolue en plusieurs phases qu’il est important de repérer car :
- Elles n’apparaissent pas forcément à l’anamnèse
- Elles peuvent être bien révélées par la biologie :
- Les différents stades ont leurs « signatures biologiques »
- Elles portent des risques différents
- Elles peuvent nous conduire à une prise en charge différente
On parle beaucoup de stress mais peu de biologie du stress.
- Parce que le stress doit, dans la grande majorité des cas, être considéré dans les situations cliniques que l’on prend en charge :
- Il est très souvent associé aux consultations fonctionnelles
- Il est facteur de risque de nombreuses pathologies :
- Dysimmunitaires
- Cardiovasculaire : facteur de risque N°3 (après ApoB et tabac)
- Insulino-résistance (et surpoids)
- Beaucoup de troubles intestinaux +++
- Dermatologie
- Progression des cancers
- Psychiatrie
- Maladies inflammatoires
- Auto-immunité
Le modèle de Selye postule que tout être humain qui rencontre une situation source de stress tend à s’y adapter au moyen de trois phases :

Illustration des 3 phases sous l’angle professionnel.
La charge allostatique
- Homéostasie se conçoit comme le maintien de variables biologiques dans des marges de fluctuation étroite
- L’allostasie peut se définir par la capacité à maintenir la stabilité à travers le changement (nouvel état)
- Charge allostatique: effets nuisibles du stress cumulatif ou de le coût infligé à l’organisme pour le maintien de la stabilité (infection, cancer, cardio vasculaire, diminution neurogenèse…)


6 phases de stress

Biologies du stress et des biorythmes
Recueil et non prélèvement
(niveau législation = aucun problème)

| Phase alarme | Début stress chronique | Surmenage initial | Surmenage important | Burn-in (pré-burn out) | Burn out | |
|---|---|---|---|---|---|---|
| Stress aigue – cours | Adaptation | Dérèglement horloge biologique | Catabolisme > anabolisme Vieillissemen | Début épuisement surrénalien | Effondrement surrénalien | |
| Alpha amylase salivaire réveil | ↗ | ↔ | ↔ | ↔ | ↔ | ↔ |
| réactivité sAA | ↗ | ↔ | ↔ | ↔ | ↔ | ↔ |
| CAR | ↔ | ↔ | ↗ | ↗ | ↗ | ↘ |
| Cortisol 20h | ↔ | ↔ | ↔ | ↔ | ↔ | ↘ |
| Cortisol réveil/20h | ↔ | ↔ | ↔ | ↔ | ↔ | ↘ |
| Cortisol/DHEA | ↔ | ↔ | ↔ | ↔ | ↔ | ↘ |
| 6-sulfate OH mélatonine | ↔ | ↔ | ↔ | ↔ | ↔ | ? |
| Column 1 Value 9 | ↔ | ↔ | ↔ | ↔ | ↔ | ↘ |
Alpha-amylase salivaire (ou ptyaline)
- Protéine composante majeure des protéines salivaires
- Sécrétée à 70% par les glandes parotides
- Enzyme hydrolyse les amidons alimentaires, en maltose, glucose, maltotriose et quelques dextrines
- Elle travaille en amont de l’amylase pancréatique permettant, entre autre, la digestion des amidons alimentaires
Pour rappel : il y a aussi une lipase salivaire: enzyme qui peut hydrolyser les triglycérides, les phospholipides, les esters de cholestérol !
- Importance de la mastication également pour les gens qui ont des problèmes de digestion des gras
- Finalement la mastication sert pour tous les macronutriments : glucides, lipides, protides
Alpha-amylase salivaire (ou ptyaline)
- A ne pas confondre avec les IgA sécrétoires salivaires
- Anticorps de défense des muqueuses
- Dont la sécrétion est aussi très dépendante du stress > baisse des IgA
- En biologie fonctionnelle, on dose les IgA dans les selles.
Donc 3 choses distinctes :
- Alpha amylase salivaire : marqueur de stress aigu
- IgA sécrétoires salivaires : non utilisées en biologie fonctionnelle clinique
- IgA sécrétoires intestinales : dosées dans les selles (utilisées en biologie fonctionnelle)
- L’alpha amylase salivaire
- Évaluation de la présence d’un contexte de stress (aigu)
- IgA sécrétoire intestinale
- Évaluation d’une conséquence d’un stress chronique sur l’intestin
Alpha-amylase salivaire (ou ptyaline)
Le système nerveux autonome régule la sécrétion salivaire
- Contrôle les différents paramètres de la sécrétion : le débit salivaire, le débit sanguin et la composition physico-chimique de la salive.
- Le système nerveux parasympathique est responsable de la formation d’une salive abondante et fluide.
- Le système orthosympathique qui stimulerait la sécrétion d’une salive visqueuse peu abondante et riche en mucines.
Alpha-amylase salivaire (ou ptyaline)
Le volume de salive diminue avec la stimulation du sympathique (stress) L’alpha amylase augmente avec la stimulation du sympathique. Stimulation cohérente avec la mise à disposition de plus de glucides en phase d’alarme de stress.
En résumé : l’activation du système nerveux sympathique augmente la synthèse d’AAS, ce qui augmente la concentration de celle-ci dans la salive, et l’activité parasympathique accroît le débit de salive avec peu ou pas d’effet sur la synthèse d’amylase.
sAA augmentée :
- Signe la présence d’un stress aigu
- Mais peut aussi rester augmentée dans un début de stress chronique
En situation de stress, l’alpha amylase augmente comme la noradrénaline.
La courbe physiologique de l’alpha-amylase salivaire (sAA) dans la journée est l’inverse de celle du cortisol.
Biologies du stress et des biorythmes
Biologies du stress +++ pour le positif
Index de réactivité de l’alpha amylase Alpha amylase response
(recherche Synlab)
Calcul de l’index
(Alpha amylase au réveil – Alpha Amylase +30’) x 100
———————————————————————————
Alpha amylase au réveil
Physiologiquement l’sAA est plus élevée au réveil et diminue 30 minutes après.
Une augmentation de l’alpha-amylase salivaire, au cours de la première demi-heure de l’éveil, est signe d’une réactivité élevée et une sollicitation accrue du système nerveux autonome orthosympathique.
AAs Physiologique : Index en pourcentage positif

AAs « excès ortho » : Index en pourcentage négatif

Réactivité non excessive (pas de stress aigu) > index de réactivité positif.
l’AAS = un marqueur qui présente d’autres indications
- Parodontite
- Altération microbiote buccale et intestinal
- Impact « calorigène »
Pourquoi faire un cortisol salivaire ?
- Parce que les taux de cortisol sont très variables d’un individu à l’autre
- Avec plusieurs prises en salivaire on contourne ce problème par un « auto étalonnage »
Les dosages sanguins et urinaires n’ont d’intérêt qu’en médecine pour mettre en évidence maladie d’Adisson (hypocortisisme) ou Maladie de Cushing (hypercortisisme d’origine centrale).
- Cas des taux de cortisol urinaires sur 24h effondrés sur individu en pleine forme
- Dosage urinaire/sanguin n’ont rien à voir avec une biologie du stress
- Le dosage salivaire : excellent reflet de la fraction libre ou bioactive du cortisol
Quel type de dosage du cortisol salivaire ?
- Cortisol salivaire à 8h du matin ?
- Aucun intérêt : exemple si la personne s’est levée depuis 2 heures !!
- Aucun intérêt pour un lève tôt ou un lève tard
- Cortisol salivaire au réveil ?
- Essentiel !
- Le cortisol est starter des rythmes biologiques
- Physiologiquement, le taux de cortisol salivaire s’élève au réveil, avec un pic maximum entre 30 et 45’ après le réveil, permettant l’adaptation aux changements à venir tant sur un plan psychosocial que sur un plan métabolique
- Cortisol salivaire 30 minutes après le réveil
- Sorte d’« acrophase individuelle »
- Ne parle de synthèse personnelle
CAR : Cortisol Awakening Response
Traduisez « La capacité de réponse de sécrétion du cortisol au réveil »
- Augmentation en pourcentage du taux de cortisol entre réveil et réveil + 30 minutes
- Notre dynamique de sécrétion de cortisol personnelle
- Biologie du cortisol totalement individualisée
CAR : % d’augmentation par rapport à la valeur du cortisol au réveil Doit être compris entre 50 et 100 %
Calcul du CAR
(Cortisol + 30 minutes – Cortisol au réveil) x 100
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Cortisol au réveil
Biologies du stress et des biorythmes
Cortisol de 20h
- Peu de différence entre 19h et 20h30
- Cette valeur de 20h doit être normalement très basse si les rythmes biologiques sont bons
- Augmentée : associée à la dépression, perte de vigilance, rupture des biorhythmes…
Cortisol élevé le soir : incompatible avec la réparation nocturne
Nuit : 7GH – ANABOLISME
- Multiplication cellulaire
- Synthèse protéique
- Réparation nocturne
Cortisol > Activité CATABOLIQUE :
- Active la lipolyse
- Stimule la dégradation protéique
Cortisol augmenté : incompatible avec l’anabolisme nocturne.
DHEA
- DHEA produite essentiellement par les surrénales (DHEA sulfate)
- Mais aussi cerveau et glandes sexuelles (DHEA)
- Rôle essentiel : anabolisme pour compenser effet catabolique du cortisol
- Rôle protecteur dans le stress chronique (balance les effets du cortisol)
- Dans le stress s’interprète essentiellement au regard du taux de cortisol
DHEA Rôles
| Hormonal | Neuropsychique | Immuno inflammatoire | Anabolique | Métabolique | Fertilité |
|---|---|---|---|---|---|
Augmente :
Pro-hormone :
|
| Immuno modulateur :
Taux bas :
|
| DHEA inversement corrélée à l’obésité Baisse :
|
|
Biologies du stress et des biorythmes
Cortisol de 20h
- Peu de différence entre 19h et 20h30
- Cette valeur de 20h doit être normalement très basse si les rythmes biologiques sont bons
- Augmentée : associée à la dépression, perte de vigilance, rupture des biorhythmes…
Cortisol élevé le soir : incompatible avec la réparation nocturne
Nuit : 7GH – ANABOLISME
- Multiplication cellulaire
- Synthèse protéique
- Réparation nocturne
Cortisol > Activité CATABOLIQUE :
- Active la lipolyse
- Stimule la dégradation protéique
Cortisol augmenté : incompatible avec l’anabolisme nocturne.
Biologies du stress et des biorythmes
Du Burn In au Burn Out
- À plus ou moins long terme
- Passage pouvant être très rapide +++
- Sur sollicitation des corticosurrénales → risque d’épuisement surrénalien → Chute du cortisol = Burn out
- Avant cela : Burn in
- ↑ DHEA (Anabolique : protège de l’excès de cortisol)
- ↑ cortisol vespéral (altération du biorythme)
- ↑ cortisol/DHEA 20h
La mélatonine
Dosage du Sulfate de 6-hydroxymélatonine dans les urines
- Passe par la phase 1 et 2 hépatique (sulfonconjugaison ou glucuronconjugaison)
- Le métabolite urinaire principal est la 6-sulfatoxymélatonine que l’on peut doser
- Le première collecte urinaire du matin est un bon index de la sécrétion nocturne de l’hormone
- En surcharge, burn in ou burn out la mélatonine diminue traduisant une perturbation des horloges biologiques
- Sa diminution est associée aussi au vieillissement (décès, dépression, migraine, fibromyalgie…)
- Indicateur de cancer, décès, cancer (taux bas : risque augmenté de cancer sein, prostate, foie, mauvais sommeil)
Ce dosage du Sulfate de 6-hydroxymélatonine dans les urines :
- Donne la production de mélatonine nocturne globale.
- Il ne doit pas être confondu avec le cycle salivaire nocturne de la mélatonine qui donne des indications des rythmes biologiques, de synchronisation:
- Avance de phase (sénior)
- Retard de phase (adolescent)
- Écrasement de courbe.
- On fait 4 ou 5 prises salivaires dans la nuit.
- Rapport cortisol réveil/cortisol 20h : très bas
Signe de mauvais fonctionnement des horloges biologiques - Rapport cortisol 20h/DHEA 20h : très bas
Signe de bonne protection des « influences négatives » des taux de cortisol élevés
Cortisol élevé le soir : incompatible avec la réparation nocturne
Nuit : ↑ 7GH – ANABOLISME
- Multiplication cellulaire
- Synthèse protéique
- Réparation nocturne
Cortisol > Activité CATABOLIQUE :
- Active la lipolyse
- Stimule la dégradation protéique
Cortisol augmenté : incompatible avec l’anabolisme nocturne.
Rapport cortisol réveil/cortisol de 20h
- Mauvais signe si tendance à s’aplatir
- Signe dérèglement des horloges biologiques
On vise entre 20 et 30 fois plus de cortisol matin/soir
Voir si situation déficit ou excès.
Augmentation modérée du CAR +
Importance de la prise en charge du stress dans le cadre d’un cancer sous traitement (voir module 4) : risque de perte d’efficacité avec des forts taux de cortisol
Attention la patiente a tendance à positiver (risque de déni du stress), mais la biologie ne trompe pas.
DHEA doit être vers 20-30 µg/dL pour ♀ de tout âge.
| Dosage | Avantages | Inconvénients |
|---|---|---|
| Cortisolémie | Remboursé | Ne reflète pas compte de la fraction libre Ni de la chronobiologie |
| Cortisolémie 8 h | Remboursé | Ne tient pas compte des biorythmes individuels Ni fraction libre |
| Cortisolémie Réveil | Remboursé | Augmentation trop rapide – cinétique ? |
| CBG+ cortisolémie | Évaluer la fraction libre ??? | CBG augmente en cas de carence chronique en cortisol Difficile à interpréter 2 type de CBG actions opposées |
| Cortisol libre sur urine de 24 h | Reflet de la production de cortisol sur 24h | Ne tient pas compte de l’utilisation Ni de la variation circadienne Importance du recueil |
| 17 OH stéroïdes urinaires | Tient compte de l’utilisation | Ne tient pas compte de la variation circadienne Importance du recueil Peu pratiqué par les labos |
Pour le sujet âgé et risque de déclin cognitif
- Rapport cortisol réveil/20h : Amplitude des biorythmes = indicateur de bonne santé cérébrale
- Cortisol 20h : impact sur la synthèse de mélatonine si élevé
- Rapport Cortisol 20h/DHEA 20h : rapport catabolisme/anabolisme
- Et une baisse de DHEA est associée à une plus grande vulnérabilité et un déclin cognitif accéléré.
- Mélatonine : Le ralentissement, lié à l’âge, de la production de mélatonine semble être associé à de nombreux troubles neuropsychiatriques et au déclin cognitif.
- Mélatonine : neuroprotecteur !
Le dosage du DHEA Sulfate dans le sang
Forme non libre (contrairement à la DHEA salivaire)
Une analyse moins chère et facile à faire en suivi
Valeur santé :
- Femme : 200-280 µg/dL ou 2000-2800 µg/L ou 6,5 µmol/L
- Homme : 250-400 µg/dL ou 2500-3500 µg/L ou ng/mL
Les troubles intestinaux
Gros impact du stress mal géré sur les SII
- CAR : niveau de stress chronique > corrélé à un impact intestinal
- Index AAS : des déséquilibres du système neuro végétatif (ortho/para) sont impliqués dans les désordres psychosomatiques avec répercussions digestives et intestinales
- Dépression : Cortisol réveil/20h : marqueur de dépression chronique
- Fibromyalgie et algies diverses : (CAR bas)
- Le surpoids : CAR > excès de cortisol hyperglycémiant
Conclusion sur les bilans du stress/biorythme
- Une analyse qui colle très bien à la clinique : grande fiabilité
- Beaucoup de nuances dans l’interprétation possible
- On a apporté un cadre d’interprétation mais en réalité on sort toujours du cadre !
- Avec une grande personnalisation de l’interprétation du bilan et de la prise en charge qui en découle
- Outil pédagogique très intéressant > prise de conscience, réflexion avec le thérapeute, remise en question…
- Kit salivaire à avoir au cabinet car souvent des situations ou la rapidité est intéressante
Conclusion sur le marqueur du stress :
- Ne pas l’oublier dans de nombreuses situations de consultation de notre activité de micronutrition
- Sans doute un des meilleurs marqueurs de notre boite à outil d’analyses nutritionnelles et fonctionnelles
