002-01-02-03-04-05-Bio cycle feminin
Le déséquilibre de la balance énergétique
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L’enquête fonctionnelle renseignera alors l’ensemble de ces manifestations cliniques qui informent sur la qualité ovulatoire. Leur évolution dans le temps permet d’évaluer l’efficacité de la prise en charge.
L’observation du cycle et l’investigation clinique permettent alors de suspecter la dysovulation. Pour la confirmer et la quantifier, il est judicieux de compléter l’investigation par des analyses biologiques bien ciblées.
Outil n° 3 : l’investigation biologique
Il y a un dosage hormonal qui est pertinent pour évaluer la qualité ovulatoire. Vous l’avez deviné, il s’agit du dosage de la progestérone. Cette hormone étant synthétisée en quantité uniquement après l’ovulation, sa présence en quantité suffisante confirmera que l’ovulation a bien eu lieu.
Son dosage, au moment du cycle où elle est présente en quantité maximale, c’est-à-dire 7 jours après l’ovulation, permet d’évaluer la qualité ovulatoire.
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Pour être pertinente, l’analyse biologique doit être effectuée 7 jours après le jour sommet (ou jour pic, suivant les méthodes utilisées). Pour ce faire, il est donc nécessaire que la femme sache repérer son ovulation.
La quantité de progestérone à ce stade du cycle est le reflet de la qualité ovulatoire : plus le taux de progestérone est élevé, plus l’ovulation est qualitative. Ce dosage hormonal est pourtant classiquement réalisé à J21 (21 jours après le premier jour des règles). Cette recommandation est basée sur l’ancienneté de l’horlogerie féminine et non sur la physiologie. Toutes les femmes n’ovulant pas à J14 (80 % d’entre elles), elles auront une analyse biaisée.
Conscients de cela, d’autres praticiens demandent à leur patiente de faire l’analyse 7 jours avant les règles. En effet, dans l’inconscient collectif, la phase lutéale est fixe et dure 14 jours. Ceci laisse supposer que 7 jours avant les règles correspond bien à 7 jours après l’ovulation.
Deux problèmes se posent : d’une part, une femme ayant des cycles irréguliers ne sera pas en mesure d’évaluer l’arrivée de ses règles ; d’autre part, contrairement à une croyance répandue, toutes les femmes n’ont pas une phase lutéale de 14 jours. C’est faux, et fait partie des nombreux mythes sur le cycle ovulatoire qu’il faut déconstruire.
La phase lutéale est stable en durée pour une même femme (sauf cas particuliers et périodes particulières), mais sa durée n’est pas forcément de 14 jours. Elle peut être de 11 à 16 jours.
Une phase lutéale de 12 ou 16 jours peut être tout aussi physiologique et qualitative qu’une phase de 14 jours. Que la femme ait une phase lutéale de 11, 14 ou 16 jours, elle doit faire son analyse 7 jours après son jour sommet.
Pour rappel, en cas de phase lutéale de moins de 11 jours, il n’est pas utile d’effectuer cette analyse biologique. L’observation du cycle suffit à confirmer la dysovulation.
Je souhaite également attirer votre attention sur un autre point : une analyse biologique, aussi précieuse soit-elle, ne sera que le reflet du cycle en cours. Les cycles ne se ressemblant pas forcément tous chez une même femme, il est possible de surévaluer ou de sous-évaluer la qualité ovulatoire à partir d’un seul dosage. C’est pour cela qu’il est essentiel de vérifier que le cycle est conforme à l’attente. Le dosage du cycle sensiblement identique doit être renouvelé lors des cycles suivants pour validation.
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L’INTERPRÉTATION DU DOSAGE DE LA PROGESTÉRONE
Pour rappel, ce dosage ne sera pertinent que s’il est effectué 7 jours après le jour sommet (jour présumé de l’ovulation). Tout bilan effectué à un autre moment du cycle n’est pas interprétable. Interpréter un bilan effectué à un mauvais moment du cycle conduit à des erreurs de prise en charge. Ces erreurs peuvent altérer l’ovulation.
Dosage de progestérone au jour sommet+7 : où en est votre curseur ?
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< 2 ng/ml – 2-5 ng/ml – 5-10 ng/ml – 10-15 ng/ml – > 20 ng/ml
Dosage de progestérone 7 jours après l’ovulation Évalue ta qualité ovulatoire grâce aux analyses biologiques.
- Votre progestérone à Sommet+7 est à 20 ng/ml ou plus ?Bravo ! Votre curseur est dans le rose vif ! Vous avez une Wonder Ovulation !
- Votre progestérone à Sommet+7 est entre 15 et 20 ng/ml ?Votre curseur est dans les nuances de rose Good Ovulation. Votre ovulation est correcte et améliorable.
- Votre progestérone à Sommet+7 est entre 10 et 15 ng/ml ?Votre curseur est dans les nuances de rose So-so Ovulation. Votre ovulation n’est pas optimale. Enquêtez sur les causes, et prenez-les en charge afin de l’améliorer !
- Votre progestérone à Sommet+7 est entre 5 et 10 ng/ml ?Votre curseur est dans les nuances de rose Bad Ovulation. Votre ovulation est de mauvaise qualité. Enquêtez sur les causes, et prenez-les en charge afin de l’améliorer !
- Votre progestérone à Sommet+7 est entre 2 et 5 ng/ml ?Votre curseur est dans les nuances de gris. Votre ovulation n’a probablement pas eu lieu (possibilité de follicule lutéïnisé non rompu).
- Votre progestérone à Sommet+7 est inférieure à 2 ng/ml ?Votre curseur est dans le gris, plutôt foncé. Votre ovulation n’a pas eu lieu. Vous vous êtes trompée dans l’identification du jour sommet, qui n’a en réalité pas eu lieu.
Attention : toute interprétation demande de développer un esprit critique !
Posons-nous à chaque fois ces questions :
- L’analyse a-t-elle bien été effectuée au bon moment ?
- La phase lutéale a-t-elle bien duré entre 11 et 16 jours ?
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TROUBLES HORMONAUX : REPÉREZ LE POUVOIR
Les valeurs indiquées ci-dessus vous aideront à vous situer. Cependant, vouloir à tout prix rentrer dans une case peut être contreproductif. Développons notre raisonnement :
- En avançant vers la ménopause, il est normal de voir sa progestérone diminuer. On la trouvera rarement à 20-25 ng/ml après 45 ans ! Cela dit, tant que ce n’est pas encore l’heure, on peut optimiser tout ce qui est optimisable, pour bénéficier le plus longtemps possible de l’OVULATION POWER !
- Une femme peut avoir 13 ng/ml sans aucun signe clinique ! Elle peut être très sensible à la progestérone ! Il est alors possible que 13 ng/ml soit son optimum à elle ! Si son bilan n’indique pas de signes cliniques de déficit en progestérone, ne cherchons pas de problème là où il n’y en a pas !
- Le dosage de progestérone est le témoin de la qualité ovulatoire du cycle en cours. Un taux bas ne signe pas de troubles ovulatoires récurrents ! À l’inverse, un taux optimal indique un cycle ovulatoire de qualité, mais ne permet pas d’évaluer les cycles précédents, ni les suivants. Posez-vous la question : l’analyse a-t-elle été effectuée au cours d’un cycle qui ressemblait aux autres ?
- La progestérone ayant des fonctions opposées et complémentaires à celles des œstrogènes, on interprétera toujours les deux ensemble. Si une femme a beaucoup d’œstrogènes, ou des signes cliniques d’hyperœstrogénie, ou encore des facteurs de risque de cancer hormono-dépendant, il faut être plus exigeant sur son statut en progestérone.
Retenez :
- Les dosages de progestérone que je viens de vous donner ci-dessus n’ont AUCUN SENS en eux-mêmes ! Ils doivent IMPÉRATIVEMENT être interprétés à la lumière des autres éléments !
- Les statuts optimaux sont terrain-dépendants, individu-dépendants (âge, objectifs, facteurs de risque, antécédents), phase du cycle-dépendants et œstrogènes-dépendants.
- Les analyses biologiques doivent toujours être interprétées dans un contexte clinique bien connu.
Et pourtant, je sais déjà que de nombreux lecteurs ne retiendront de ce passage que les normes saintes exposées. La mauvaise utilisation de ces normes conduira à des interprétations dépourvues de sens, et à des conseils inefficaces voire contreproductifs.
J’ai tout de même choisi de vous les communiquer, car je sais que d’autres en feront bon usage.